A quelques jours du scrutin, l'indécision demeure chez beaucoup d'entre nous. D'autant que l'équation n'est pas à une inconnue mais à deux. Voire à trois.
Première inconnue : qui est le candidat qui mérite mon vote pour devenir mon président et celui de tous les Tunisiens et qui, demain, s'acquittera de sa mission dans le respect du peuple et de la Constitution.
Deuxième inconnue : quelle garantie y a-t-il que mon vote ne profitera pas à un autre candidat, mieux placé dans les sondages et qui compte précisément parmi ceux dont je redoute le plus la victoire. Bref, dois-je voter en faveur de mon favori ou dois-je voter pour contrer un candidat que je juge dangereux?
Enfin, troisième inconnue : quelle est la fiabilité des sondages et n'y a-t-il pas un risque qu'ils cherchent à me pousser vers un vote-barrage (ou "utile") plutôt que vers un vote positif ? Et, dans ce cas, n'est-on pas en train de me voler mon vote en dressant des épouvantails sur mon chemin ? (Le vote utile enlève des suffrages à des candidats auxquels ils étaient destinés et les reporte sur un candidat qui va se retrouver surévalué… et qui risque de se méprendre sur son poids réel. Ceux qui appellent au vote utile oublient souvent qu'ils poussent à une forme d'injustice.)
Et si Karoui est élu, que se passe-t-il : on va le chercher à la prison d'El Mornaguia pour le transférer, sirènes hurlantes, au palais de Carthage ? On le laisse en détention jusqu'à ce que la justice décide de son sort en maintenant à son poste l'actuel président par intérim en attendant ? On fait constater la vacance de pouvoir et on recommence à zéro les élections de façon à ce que l'intéressé ne puisse y prendre part, dans la mesure où il ne pourra se déplacer pour déclarer à nouveau sa candidature ? Qui répondra à ces questions en l'absence d'une cour constitutionnelle ?
Plus que 3 jours pour résoudre le problème. Courage !