Un des paradoxes auxquels nous devons faire face et à quoi nous allons devoir réfléchir, c'est que la démocratie est le système politique qui bannit la violence comme moyen d'accéder au pouvoir mais que, dans le même temps, son instauration ne saurait se passer d'une certaine violence, voire d'une violence certaine.
Cette violence nécessaire, cette "violence heureuse", dans le sens de féconde, ne vise pas seulement ni essentiellement à arracher le pouvoir des mains puissantes de la dictature. Son propos est d'abord de combattre, fouet à la main, les froussards et les marchands de renoncement.
Des forces vives doivent se constituer au sein de notre société dont la mission principale est de traquer les sophismes derrière lesquels se cachent les amis du statu quo pour perpétuer l'ordre ancien.
On a besoin d'entendre dans notre ciel l'écho toujours plus grand du claquement du fouet quand il répond à la langue mensongère de tous ceux qui font profession de retour en arrière en rêvant de chef tutélaire : ils ne veulent pas le bien du pays. Ils veulent seulement leur tranquillité, fût-elle malodorante et mortelle... Ils n'ont pas besoin de paroles qui raisonnent, mais de paroles qui résonnent, dans un ciel nouveau.