Je n'ai pas d'objections contre le fait que le président de la République se mêle des affaires liées aux forces de sécurité, y compris civiles. Si sa présence peut contrer des dérives dues à l'emprise, plus ou moins visible, des partis et faire taire les spéculations sur les allégeances et les influences, voire sur la mainmise, alors on ne peut qu'être d'accord.
Mais si cette présence devait se traduire par un risque de prise de contrôle, alors c'est une autre paire de manche. Voyant par ailleurs de quelle façon Kaïs Saied s'occupe ces derniers temps à augmenter ses pouvoirs, en allant peut-être jusqu'à consulter à ce sujet un "frère" sien en Égypte, on est en droit d'être circonspect.
Même si on le croit incapable de commettre l'irréparable, on voit que la situation dans laquelle nous nous trouvons devient objectivement périlleuse.
Dans ces conditions, l'exigence de mise en place d'une Cour constitutionnelle devrait devenir une revendication insistante. Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer de naviguer sans boussole pour notre système démocratique. S'il y a des obstacles, ils devront être ou contournés ou forcés.
Nous avons besoin d'un président qui contrôle les partis en garant de la Constitution et des droits fondamentaux des citoyens, et nous avons besoin d'une Cour constitutionnelle qui contrôle le président dans sa façon d'interpréter la Constitution, face au risque d'un glissement dangereux vers l'autocratie.