Non, il n'y en a pas. Pourquoi il n'y en a pas ? Tout simplement parce la manière de reprendre la démocratie à celui qui l'a confisquée dépend essentiellement de la position stratégique que s'est donnée ce dernier. Plus on en aura une connaissance juste, plus on augmentera ses chances de trouver contre lui la bonne prise... Celle qui le mettra au tapis. Oui, comme au judo !
Et le judo nous enseigne d'ailleurs la bonne manière de profiter de la violence de l'adversaire pour la retourner contre lui. Ce qui relève d'un principe d'économie…
Mais justement, cela suppose qu'on ait acquis une intelligence du mouvement adverse, dans la logique propre de son déploiement.
Maintenant, qu'il n'y ait pas de mode d'emploi ne signifie pas qu'il n'y ait pas de faux pas à éviter.
A l'approche de l'échéance électorale, nous voyons apparaître une littérature qui aborde de façon plus pratique qu'auparavant la question du changement de pouvoir à la tête de l'Etat. On parle alliances, on parle candidat unique... et on parle aussi de l'urgence de parler ! Tous ensemble, nous qui sommes concernés par le devenir du pays et par le besoin de sauver son destin démocratique.
Ces initiatives sont à saluer. Elles étaient attendues. Mais ce qui est particulièrement à saluer, c'est le souci qu'on met à diviser l'opération en deux étapes distinctes : celle de la "contre-confiscation" et celle de l'élection proprement dite.
Car l'élection nouvelle ne saurait à elle seule conférer une quelconque légitimité dès lors qu'elle prend appui sur une base dont chacun sait qu'elle se caractérise par le fait qu'elle est tout entière l'œuvre d'un des protagonistes du jeu électoral. Puisque le candidat sortant - il s'agit bien sûr de lui - s'est arrogé le droit de modifier les règles et, non content d'être législateur et partie, de mettre à l'ombre des rivaux gênants.
Il s'agit donc, dans un premier temps, d'utiliser cette base pervertie, mais seulement afin de recréer les conditions d'une nouvelle opération électorale. Une fois accomplie cette action, et seulement alors, la vraie élection pourrait suivre, et ce serait la seconde étape.
En d'autres termes, le candidat unique par qui aurait été arraché le sceptre des mains de l'usurpateur - si candidat unique il doit y avoir - devra se retirer et laisser le champ libre à une nouvelle joute électorale : joute à laquelle il pourrait bien sûr participer - à égalité avec les autres candidats -, mais à laquelle il pourrait aussi ne pas participer... Et peut-être serait-ce d'ailleurs une bonne chose qu'il ne participe pas.
Quoi qu'il en soit, le respect de la règle des deux étapes marque d'ores et déjà l'attention qui prévaut de ne pas commettre de faux pas.
Quant à la prise - celle qui envoie au tapis - il y faut toute la sagacité du lutteur. Mais du lutteur qui, dès à présent, sait jouer en équipe.