On assiste actuellement à un double phénomène, qui nous ramène à l'époque de l'ancien régime. Le premier phénomène, c'est le "lâchage des chiens" contre des intellectuels éminents qui ont émis des critiques à l'égard du processus en cours. Le cas de Yadh Ben Achour en est une illustration.
Le second phénomène, c'est la neutralisation physique par recours à l'appareil judiciaire, ou plutôt par exploitation de ses faiblesses, de son manque de solidité face à la pression du pouvoir politique. Et ici, on pense en particulier au cas de Yassine Ayari…
Pourquoi ces deux profils dérangent-ils ? Parce qu'ils portent un regard sévère sur les événements d'une part et, d'autre part, parce qu'il est difficile de les ranger dans le système de la "corruption", si large que soit la conception que l'on se fait de ce système.
Plus que cela, ils représentent des figures de la résistance à ce système. Ce qui veut dire que, d'une façon ou d'une autre, ils portent un projet alternatif en matière de lutte contre la corruption.
L'actuel pouvoir cherche à les neutraliser, non en tant qu'opposants, mais en tant que concurrents. Or de ce point de vue, et quelles que soient les différences à relever et qui sont voulues par le contexte et l'époque, nous avons une histoire tragique en matière d'élimination des concurrents. Une histoire qu'il nous appartient de ne pas laisser se poursuivre. Sous peine de complicité.