Pauvre islam : la surenchère des caricatures... S'en prendre en plus à des chrétiens, qui subissent eux-mêmes les attaques sarcastiques d'une certaine presse, c'est la preuve que l'islam n'est pas seulement la proie de vengeurs ivres de haine qui le défigurent en pensant lui rendre justice : il est aussi le jouet d'esprits troublés qui demeurent sous l'emprise d'une vision du monde qui est celle de l'époque des Croisades. L'Histoire, pour eux, s'est arrêté là : elle ne bougera plus !
La question n'est pas de savoir pourquoi le terroriste peut se réclamer de l'islam pour commettre ses crimes et justifier la barbarie de ses actes : elle est de savoir pourquoi l'islam a été rendu si faible qu'à son contact, au lieu d'aimer Dieu et la Création, on peut se passionner pour tout autre chose, comme sa détestation de l'autre, la volonté de faire triompher la mort et la damnation, les croyances et superstitions de la pensée magique.
Ceux qui l'affaiblissent sont de deux sortes. Il y a ceux qui ne cessent de le violer en lui faisant dire ce qu'ils veulent qu'il dise, en s'autorisant d'un texte qu'ils lisent sans égard pour son sens le plus profond. Et il y a ceux qui, estimant qu'il n'est pas conforme à l'idée qu'ils se font de la modernité, ont décidé ou de l'expulser à grand fracas de notre réalité collective, ou de l'asphyxier pour qu'il meurt de sa petite mort, quitte à le laisser vivoter en attendant dans sa version coutumes folkloriques.
Et c'est pour ça que ceux qui seraient tentés de lui redonner les attributs de sa santé et de son immunité, en appelant à le re-découvrir, ont si peu d'écho auprès des gens, bien qu'ils détiennent la seule et unique réponse salutaire.
Car pour les uns, ils ne sont pas assez zélés, et pour les autres, pas assez "émancipés". Ce qui signifie que ceux qui réduisent l'islam à cet état d'impuissance face à ceux qui le défigurent sont aussi ceux qui mènent la guerre aux seules personnes susceptibles de proposer de vraies issues.