Un des traits majeurs du populisme est celui qui consiste à désigner l'autre comme cause principale de ses propres difficultés, de ses propres malheurs. Peu importe qui est cet autre, cet étranger de l'extérieur ou de l'intérieur qu'on désigne à la vindicte.
En France, c'est aujourd'hui l'Europe de Bruxelles et la mondialisation, mais c'est aussi bien sûr le musulman, maghrébin ou plus oriental. Comme ce fut autrefois le juif et le gitan.
Dans tous les cas, il y a démission de la pensée à identifier des résistances dans le réel lui-même et à suggérer des pistes afin de les surmonter par un effort collectif. L'idée sous-jacente à tout populisme est qu'il suffit de supprimer cet "autre" pour que tout redevienne beau comme avant.
Le seul effort requis par le populisme est donc celui de supprimer. C'est un effort qui dispense de toute patience, de tout courage, de toute intelligence dans l'épreuve de l'adversité : c'est en réalité le contraire de l'effort.
Et c'est pourquoi le populisme a surtout la cote auprès des esprits fatigués.