Il y a aujourd'hui un combat que nous sommes seuls à pouvoir mener…

L'arme majeure du pouvoir, c'est sa capacité à faire de cette frange (culturellement) déshéritée le relai de sa propagande, par laquelle il se fait passer pour le défenseur de la patrie contre des ennemis de l'extérieur et de l'intérieur.

C'est une arme redoutable parce qu'elle est comme un nœud coulant qui se resserre sur celui qui cherche à s'en dégager. En effet, plus la violence du soupçon et de la détention est grande, plus grande aussi est la tentation d'appeler le monde à témoigner et à dénoncer.

Après tout, il existe bien une solidarité des peuples, par-delà leurs différences de traditions et de cultures, et cette solidarité porte essentiellement sur la liberté, quand celle-ci est menacée. Il s'agit là d'ailleurs d'une des manifestations les plus précieuses et les plus lumineuses de la civilisation d'aujourd'hui, dans ce qu'elle a de plus universel, par-delà ce qu'il peut y avoir de plus inquiétant et de plus sombre.

C'est grâce à elle que nous voyons se lever, dans beaucoup de villes européennes et américaines, des voix pour protester en nombre contre ce qui se passe à Gaza…

Il ne s'agit pas bien sûr de comparer les deux situations, mais simplement d'attirer l'attention sur le principe même de cette solidarité entre les peuples et les nations.

Mais le simple fait de se tourner vers l'étranger, dans une situation où le recours contre la violence politique qui s'exerce chez nous ne trouve plus d'échos à l'intérieur, cela suffit pour relancer la rhétorique de la trahison, des vendus à l'étranger, du complot contre la patrie…

Cela suppose bien sûr, de la part du pouvoir en place, qu'il crée l'illusion d'une sorte d'état de guerre dans lequel nous serions avec le reste du monde.

Le nœud coulant réside en ce que la relance de la rhétorique en question augmente la pesanteur du soupçon et, du même coup, les mesures répressives qui l'accompagnent. D'où une tentation encore plus grande de l'appel au témoignage en direction du monde... Le cercle est vicieux et il se resserre !

Mais il existe une autre tentation malheureuse, qui est la dénégation : "Non, nous n'avons rien à faire avec l'étranger... Nous sommes innocents de pareille accusation..."

Malheureuse, cette tentation l'est parce qu'elle conforte l'adversaire dans sa position de juge, alors qu'il a surtout des comptes à rendre.

Se tourner vers l'étranger n'est pas un crime : c'est même un devoir. Mais à une condition : qu'il ne soit pas le prétexte à une désertion.

Il y a aujourd'hui un combat que nous sommes seuls à pouvoir mener face à une puissance qui prétend nous ôter notre liberté et nous imposer son ordre.

Personne ne s'acquittera de cette tâche à notre place.

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