Conflit libyen : Faisons donc preuve de bonne foi…

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Sur la forme, qui doutait que notre président fût un apprenti qui aurait à faire ses armes dans l'action. Ceux qui l'ont élu ignoraient-ils que toute sa carrière, il l'a passée en dehors des cercles du jeu politique et de l'art de la représentation et de la séduction qui s'y pratique ?

Non, assurément. Ils l'ont choisi en dépit de cela. Ou peut-être à cause de cela, sachant que jamais la belle prestance n'a empêché les gouvernants de commettre des méfaits : que bien souvent elle leur a servi plutôt de moyen de les dérober aux regards.

Mais sur le fond, décider avec cette assurance--ou cette arrogance--que le président ne comprend rien aux affaires internationales et à la manière d'y mener des initiatives et, dans le même temps, l'accuser de vendre le pays ou de l'entraîner dans la guerre, c'est faire preuve d'une précipitation dans le jugement qui, outre qu'elle est d'abord l'aveu d'un parti pris politique, n'est pas dénuée de naïveté.

Personne parmi ces critiques vigilants ne s'émeut à l'idée que si la situation prenait en Libye une tournure particulière, et que l'ancienne armée parvenait à imposer son ordre dans l'est du pays comme elle le fait dans l'ouest, cela ne serait pas sans conséquences pour notre démocratie.

Le risque d'extension du modèle politique égyptien dans la région n'est pas de ceux qui attisent leurs inquiétudes. Pour certains d'entre eux, on devrait ajouter : au contraire !

On ne niera pas, bien sûr, que la visite inattendue du président turc n'est pas de nature à susciter des interrogations. D'autant que le personnage présente un bilan très mitigé en matière de respect chez lui de la démocratie et des droits des personnes. Mais où avez-vous vu que le jeu des alliances se soit embarrassé outre mesure de ces considérations ? Et sommes-nous en position de faire la leçon à qui que ce soit ?

Maintenant, que l'on juge la Turquie infréquentable, et que l'on n'accepte pas que notre diplomatie passe outre cette condamnation aux accents théologiques, en lui intentant un procès en action sacrilège, c'est ignorer qu'un président qui prend les commandes des affaires étrangères, ce n'est pas un président qui se laisse ligoter par les choix de ses prédécesseurs. Penser cela, c'est accorder aux constantes de notre politique étrangère plus de place que ne supporte une démocratie bien comprise.

Mais, encore une fois, l'interrogation est légitime et le besoin de comprendre pas moins à respecter. Je note pour ma part, de ce point de vue, que la compréhension commence par la prise en compte des données existantes. On ne peut pas protester du fait qu'on soit maintenu dans l'ignorance de ce qui se trame alors même qu'on occulte de façon délibérée une information essentielle, à savoir que le président, malgré son inexpérience du pouvoir, a engagé une initiative de réconciliation à l'adresse des Libyens et que cette initiative a déjà donné lieu à des résultats qu'on pourrait au moins appréhender avec attention.

Faisons donc preuve de bonne foi, et exigeons après cela d'être informés.

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