Voyez-vous une issue au conflit israélo-palestinien ?

- Voyez-vous une issue au conflit israélo-palestinien ?

- Je vois surtout que la seule issue qui existait a cessé d'être envisageable. Je veux parler de la solution à deux Etats.

- Mais si la solution à deux Etats a cessé d'être envisageable, c'est la solution de la force qui reste. A vrai dire, c'est celle qui prévaut depuis longtemps, pour ne pas dire depuis le début…

- Je n'ai jamais cru à la solution à deux Etats, précisément parce qu'elle prétend bâtir la paix sur le fait accompli d'une dépossession.

- Que réponds-tu aux Juifs qui, tout en reconnaissant que l'Etat d'Israël se comporte de manière indigne et lamentable, considèrent que les Arabes qui soutiennent la résistance palestinienne n'ont pas d'autre plan en tête que de "jeter à la mer" les Juifs qui se trouvent aujourd'hui en terre de Palestine ?

- Ils n'ont pas complètement tort. A ceci près que si les Juifs étaient vraiment jetés à la mer, ils ne subiraient pas le sort qui est réservé à toutes ces populations immigrées dont on assiste au drame depuis de nombreuses années maintenant. Tous ou presque ont de la famille ailleurs qu'en Israël et les réseaux de solidarité demeurent actifs en leur faveur. Cela dit, je ne crois pas non plus que la paix passe par le rétablissement du statu quo ante, du retour à la situation qui précède 1948.

- Ni la solution des deux Etats, ni celle du retour en arrière ?

- Ni l'une ni l'autre, en effet.

- Le maintien de la situation actuelle de domination israélienne sur les terres et sur les populations palestiniennes n'étant pas elle-même une solution de paix, quelle est l'alternative ?

- L'alternative ? Je peux deviner des pistes. Mais je crois que le plus important est d'échanger là-dessus. Il n'y a pas de solution prête à l'emploi. Et quand je dis "échanger", ça veut dire échanger entre nous, comme nous faisons maintenant, mais aussi échanger plus largement, avec les hommes de bonne volonté de tous horizon. Sans excepter les Juifs…

- L'échange est toujours un moment de rencontre qui est précieux indépendamment des résultats sur lesquels il peut déboucher. L'homme gagne toujours en humanité lorsque, bravant les frontières qui veulent le séparer des autres hommes, il va pourtant vers eux pour décider de ce qui est le mieux.

- Oui, c'est un moment précieux mais on ne cesse pas de le rater. On préfère encore s'en tenir à de mauvaises solutions. Comme celle qui consiste à vouloir liquider la question palestinienne, ou de la noyer dans le libre-échange économique, dans la loi du business for all. Comme si les peuples allaient accepter de renoncer à leur mémoire au profit de ce nouveau "veau d'or" que constitue le confort trouble du style de vie moderne.

On ne se rend pas compte que, dans le cas de la Palestine, cette option est encore plus idiote. Parce qu'à côté de la mémoire de la terre et des ancêtres, il y a la mémoire des lieux saints, dont le peuple palestinien se considère comme le dépositaire, à tort ou à raison.

- En effet... Mais quelle est la "piste" qui, de ton point de vue, pourrait déboucher sur la paix ?

- Je pense qu'il y a des actions à mener sur plusieurs plans, et dont le champ déborde le cadre de la Palestine. Je pense par exemple qu'il faut réfléchir aux conditions de retour des Juifs dans les pays d'où ils sont venus, de manière à ce qu'ils puissent reprendre une place qui ne soit pas celle d'une simple minorité qu'on tolère tant bien que mal.

Je pense qu'il faut réfléchir aussi à un mode d'administration des lieux saints de Palestine qui engage une participation commune des trois familles abrahamiques. Je pense qu'il faut que la communauté internationale s'implique dans la gestion des terres dans le sens non seulement d'une décolonisation, mais aussi d'un accompagnement d'expériences communes sur fond de retour des Palestiniens qui le souhaitent à leurs villages et leurs maisons…

Les initiatives sont diverses et variées qui peuvent recréer les conditions de la paix et, au-delà, permettre une rencontre au sein de la "maison abrahamique" qui porte de vastes enjeux : des enjeux pour la planète entière... Mais, encore une fois, rien ne se fera à mon avis sans des dispositions retrouvées à l'échange, à l'exploration en commun des possibles.

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