Le phénomène 3ich Tounsi prend de l'ampleur. Il s'invite comme une des données majeures de cette période préélectorale.
Pas seulement parce qu'il nous met en présence de l'entrée en scène possible d'un acteur politique qui bénéficie manifestement d'un soutien particulier de l'étranger, pas seulement parce que son assise financière pourrait rapidement trouver des prolongements - si ce n'est déjà fait - au sein d'une frange fortunée de Tunisiens (que le document de l'association sépare en principe du clan des corrompus), mais aussi parce que le profil de la personnalité centrale bouscule les représentations habituelles que l'on se fait chez nous du citoyen patriote, engagé pour son pays : c'est une femme, de mère française et marié à un français...
Toute une culture anti-coloniale ou post-coloniale voudrait voir dans ce profil un cas de contradiction interne avec les exigences de l'engagement pour le pays.
Or nous ne sommes pas à l'abri d'une réaction populaire qui prendrait à contre-pied cet axiome... Si c'était le cas - et il est assez probable - nous aurions assisté à un enrichissement du paysage politique, parce que se trouverait brisé le cadre traditionnel qui définit mentalement le droit à prendre part à la joute en vue du pouvoir et, à plus forte raison, le droit à l'exercer…
Il ne faut jamais voir d'un mauvais œil le fait que les murs de notre citadelle reculent : c'est plus de liberté pour tous.
Maintenant, que la main de l'étranger se rende présente - comme elle l'a fait au moment de la révolution et comme elle l'a fait lors des premières élections en faveur du camp islamiste - cela ne devrait pas nous dispenser d'une saine vigilance... y compris vis-à-vis de toute paranoïa à laquelle nous serions tentés de céder.
La prudence suffit, à mon avis.
La prudence suffit, à mon avis. Etant entendu que le développement des pays est largement tributaire, de nos jours, de l'engagement des hommes d'affaires : ceux d'ici comme ceux d'ailleurs. Ils font des plans, certes, pour augmenter leur prospérité, mais à nous aussi de veiller à tirer profit de ces mêmes plans pour que du travail soit donné aux gens, que des entreprises soient créées par nos jeunes autour des activités nouvelles…
Une sagesse orientale enseigne qu'il ne faut pas chercher à contrer une force adverse : il faut l'attirer vers soi tout en lui imprimant une orientation qui redonne finalement l'initiative... C'est "économique" à plus d'un titre !
D'autre part, nous sommes dans une société où la liberté de dénoncer les déviances est assurée. Il y a une presse libre (au moins en partie) et il y a des partis d'opposition pour qui tout scandale est une aubaine. Par conséquent, ce qui pouvait susciter des craintes légitimes autrefois, une saine vigilance y suffit aujourd'hui.