Quand des vies d'hommes et de femmes sont en jeu, on ne peut qu'être saisi de stupeur. Il y a une désapprobation qui précède toute réflexion et toute allégeance. Une désapprobation que ne fait pas taire la rumeur qui, au nom de l'honneur bafoué, voudrait sanctifier la violence…
Aujourd'hui, le Hamas a lancé contre Israël une attaque d'envergure. On ne peut qu'y voir une juste réponse à une politique d'arrogance militaire menée par les Israéliens depuis de nombreuses années.
On ne peut non plus que se réjouir de voir que la croyance est lourdement démentie selon laquelle la résistance d'un peuple - le peuple palestinien - pourrait être brisée par la force... En un sens, s'applique de plus en plus au sujet de cette résistance la formule nietzschéenne selon laquelle "ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts".
Et, malgré l'habitude, on continue de s'étonner de voir les chancelleries occidentales parler d'attaque "terroriste", comme si la domination et l'asphyxie d'un territoire - celui de Gaza - ne devait avoir d'autre réponse acceptable que la résignation : misère d'une diplomatie qui, pour ménager sa propre tranquillité, en vient à tomber dans une forme d'imbécillité…
Mais toutes ces raisons qui nous séparent d'une rhétorique qu'aveuglent ses parti-pris ne nous fera pourtant pas basculer dans la transe plus ou moins généralisée qui exige qu'on sacrifie son âme au dieu Vengeance.
Autant on se doit d'accorder son plus profond assentiment à la résistance d'un peuple qui refuse le diktat de la puissance et de l'arrogance, autant on se doit soi-même d'opposer sa propre résistance dès lors que la violence menace de nous dépouiller de notre humanité.
En dernier recours, et malgré le feu et le sang, il s'agit de rester le fidèle et impénitent serviteur de la Justice, si impossible que paraisse parfois le retour de son règne.