Le sionisme a connu trois périodes dans son histoire qu'il convient de distinguer. La première période est celle du rêve de retour, au cours de laquelle des Juifs commencent à s'installer en Palestine, sous l'œil intrigué, peut-être inquiet, mais non encore hostile des populations palestiniennes.
La seconde période correspond au moment où le choc des camps de la mort du nazisme fait son effet sur la conscience juive : il y a une urgence à se donner un foyer qui soit d'abord un refuge. La question de la cohabitation avec les populations autochtones cesse déjà d'occuper le premier rang des préoccupations.
La troisième période est celle au cours de laquelle les pays de l'Alliance atlantique se disent que le "foyer" en question pourrait bien servir de forteresse pour empêcher l'empire soviétique de faire main basse sur le Moyen-Orient et sur ses ressources pétrolières. Dès lors, il convient de conférer à ce foyer tous les attributs militaires d'une forteresse, y compris sur le plan humain. Les agressions venant de ses voisins sont elles-mêmes des aubaines dès lors qu'elles confortent le nouvel Etat dans son rôle de vigile.
Bien sûr, parvenus à ce stade, la question de la cohabitation entre Juifs et Arabes a cessé de se poser comme elle pouvait le faire au départ. Les Juifs d'Israël ont l'arrogance du guerrier qui déplace les frontières, qui vide les villages, qui installe des colonies, et que le droit n'arrête pas.
Arrive la fin de la guerre froide et, avec elle, la fin de la menace que les puissances de l'Est faisaient peser sur le Moyen-Orient. La raison voudrait que l'on revienne en arrière en expliquant aux Juifs d'Israël que le contexte a changé et que les exigences de la bonne cohabitation sont à nouveau à l'ordre du jour en cette terre dont le caractère saint concerne l'ensemble des religions monothéistes, et pas seulement la religion juive.
Mais voilà, Israël n'entend pas lâcher l'avantage qu'elle a acquis à la faveur des circonstances. C'est la logique du fait accompli. D'ailleurs, s'il faut susciter un nouvel ennemi pour prolonger l'ancien rôle, qu'à cela ne tienne : les désordres qui règnent dans la maison "Islam" peuvent y pourvoir…
C'est la fuite en avant dans la politique du viol, de la part d'un peuple qui a trop longtemps subi lui-même le viol et qui n'a tout simplement pas appris, en ces affaires, à prendre ce qui lui est donné de bonne grâce.