La force du candidat Zbidi réside essentiellement dans sa discrétion. C'est pourquoi sa campagne, qui tend bien sûr à le mettre en avant, représente une épreuve très périlleuse : elle menace sans cesse de le dépouiller de ce qui lui confère son attrait.
La remarque s'applique à ce qui est élaboré et décidé par son équipe de campagne, mais aussi à toutes ces initiatives zélées qui émanent de beaucoup de ses sympathisants et dont on a l'occasion de constater chaque jour, sinon la mauvaise inspiration, du moins la grande maladresse.
Cette donnée est une sorte d'anomalie - heureuse - car il est admis qu'un candidat est jugé sur sa façon dont il en impose et sur sa capacité de séduire.
Dans le cas présent, le candidat en question semble se distinguer par sa fragilité, par une parole brisée et hésitante, ainsi que par ses silences prolongés et rebelles à toute politique de com. Ce dont certains s'autorisent pour juger - superficiellement - que le personnage est inconsistant.
On aimerait rappeler ici que la fragilité ne s'oppose pas à la force, qu'elle est au contraire ce qui constitue un gisement inépuisable de volonté. Il y a en gros deux types d'hommes : celui qui joue dans sa vie le rôle de sa propre perfection et chez qui les défaillances sont à mettre sur le compte de ses "ratages", et celui qui a fait bon accueil à ses béances et à ses blessures internes, qui ne cherche pas à les nier, et qui a appris au contraire à y voir la source d'une espérance toujours renaissante.
Le deuxième type d'homme n'est jamais pris en défaut par sa fragilité, car elle fait partie de sa personne. Et dans la mesure où cette fragilité génère, comme nous le disions, de l'espérance, on peut dire que c'est précisément de ce type d'homme que nous avons besoin en ces temps troubles et incertains.
Je n'ai pas la prétention de percer le secret psychologique du candidat Zbidi. On est loin des sciences exactes quand on parle des âmes en général, et de celles des politiques en particulier. Mais on peut régler leurs comptes à certains préjugés, qui voudraient nous faire croire que la force n'est que d'une seule sorte.
La discrétion est un gage en matière de capacité à reconstruire de l'unité au sein d'une société où les tiraillements sont synonymes d'affaiblissement. Et la fragilité nous réconcilie avec l'espérance, qui ouvre des horizons : ce sont, semble-t-il, les deux atouts de la candidature de Zbidi, qu'il nous appartient de reconnaître pour mieux les aider à gagner en puissance.