Pour nous autres Arabes, dont l'orgueil n'est pas la moindre des qualités, ou le moindre des défauts, l'arrogance d'Israël, l'étalage insolant qu'il fait de sa puissance dans sa façon de traiter les menaces qui visent, non pas seulement son existence désormais, mais son appétit insatiable de territoires, cela est vécu comme une épreuve psychologique. Une épreuve limite qui, par certains aspects, évoque la conduite suicidaire du scorpion : quand il se sent impuissant, il tourne son dard contre lui-même.
Ce qui permet de se faire la réflexion suivante, qui relève du paradoxe, à savoir que si cette chose qu'est Israël devait avoir une quelconque utilité dans le vaste univers, c'est peut-être celle de nous amener à produire la bonne réponse, et cela contre notre penchant naturel. Ou, dit autrement : de nous délivrer de notre propension à la réaction impulsive afin d'accoucher d'une réponse collective portant la marque d'une intelligence qui rime avec patience.
Il arrive, dans la vie des peuples comme dans celle des individus, que l'on soit pris au piège de quelque chose. Et que le piège se referme d'autant plus fermement sur soi qu'on cherche à s'en dégager d'une façon naturelle. Trop naturelle. Il faut alors se calmer, réfléchir, puis agir de façon méthodique et minutieuse.
Tant que l’on ne s’est pas donné le moyen d’adopter cette manière de faire, parce qu’on continue malgré tout d’accorder du crédit à la réponse qui est dictée mécaniquement par le « nerf de l’honneur », parce qu’on reste prisonniers d’une volonté de réagir plutôt que d’agir en dépit des leçons apprises, alors on continuera de subir la loi du piège et de ses morsures.