Les médias en général, et ceux de service public en particulier, sont souvent plongés dans un grand embarras quand survient une catastrophe qui émeut le public, ou quand parviennent des images de guerre qui bouleversent le commun des citoyens.
C'est là qu'on sent le poids du passé, le peu d'aptitude à prendre les choses en main de façon collective au niveau des rédactions, de manière à être au diapason de l'événement. Je ne serais pas de ceux qui jettent la pierre, pour avoir vécu le problème de l'intérieur. Bien que je ne comprenne toujours pas le peu d'empressement qu'ont eu beaucoup de journalistes, au lendemain de la révolution, à mettre en place des conseils de la rédaction, afin de mieux débattre entre eux des stratégies à adopter, des couacs à corriger pour l'avenir, des moyens d'assurer une organisation solide en cas d'urgence…
Aujourd’hui, les médias de service public, livrés à eux-mêmes et aux abîmes de leurs situations financières, ne cherchent même plus à sauver la face, ou alors à peine. Et c'est comme si les éclats des bombes à Gaza les avaient atteints : ils sont, pour ainsi dire, hébétés.
Mais, dans l'ensemble, ces moments servent de secousses et poussent les journalistes à s'interroger sur le rôle précis qu'ils ont à jouer : est-ce seulement de servir de caisse de résonance à la colère, voire de céder à la surenchère dans l'indignation, ou est-ce qu'il faut maintenir, sobrement, une mission d'information ? Et alors selon quel dosage ? Et selon quel choix d'informations ?
Car, quoi qu'ils fassent, ils peuvent difficilement échapper à l'impression qu'ils cèdent au remplissage, qu'ils cherchent à meubler au petit bonheur la chance... Et ils savent pertinemment que c'est de leur part un manquement.