L'expérience démocratique suppose que le citoyen cultive en lui le désir de changer le réel du pays dans un certain sens.
Elle se heurte toutefois au sentiment que le changement qu'on cherche à imprimer constitue une violence contre les vieux équilibres et qu'il porte en lui une forme de mépris contre la façon dont vivaient les anciens, c'est-à-dire nos parents et nos grands-parents…
Quand les apprentis du jeu démocratique vont trop loin dans leur façon de donner raison à ces soupçons, il s'ensuit des réactions de désaveu. L'ordre de la vie pré-démocratique semble alors prendre sa revanche sur ce qui l'a bouleversé…
Peut-être sommes-nous en train d'assister à ce moment de désaveu. Auquel cas, il conviendrait de repenser cette expérience démocratique, avec un souci plus affirmé en termes d'attention à ce qui réclame un plus grand respect envers les anciens modes… Et de reprendre le fil du désir de changement avec un souffle nouveau, de telle sorte que l'héritage qui nous unit soit finalement reconduit, et non délaissé…
Un exercice qui risque cependant de déconcerter, en l'absence de toute familiarité avec la dialectique hégélienne de l'Histoire.