Notre monde est ainsi fait qu'on peut être longtemps abusé sur le compte de certaines personnes, croyant qu'elles portent en elles un certain idéal. Et puis surviennent des événements et l'on reste bouche bée de la bassesse, de la laideur morale dont elles sont capables.
Il faut dire que l'ancien régime a cultivé ce genre de profils. Dans les rangs de ses milices, la vilenie était une valeur. Elle servait à gravir les échelons mieux parfois que les plus hauts diplômes.
Et si notre transition démocratique est à ce point entravée aujourd'hui, c'est que beaucoup de ces parvenus sordides ont accumulé du pouvoir par l'argent et ses réseaux. Ils constituent aujourd'hui une force de nuisance redoutable capable de faire et de défaire les acteurs politiques.
De plus, c'est toute une culture - savant mélange d'hypocrisie obséquieuse et d'opportunisme cynique - qui s'est fait son nid dans l'esprit de ce vaste peuple d'ambitieux dont le seul souci en cette existence est d'avoir sa place au soleil…
Mais tout ça, nous savions qu'on aurait à y faire face. Nous ne savions pas, en revanche, que parmi certains esprits prétendument libres, qui portent volontiers un regard critique sur le passé du pays et le font savoir, le mal aurait fait à leur insu de tels ravages.
Ils prétendent nous apprendre à vivre conformément à un certain idéal politique, mais l'on découvre au détour d'un événement que leurs remarques exhalent une odeur de fange. Que l'idéal côtoie chez eux la délectation dans la haine. Qu'ils sont sans doute le nouveau visage du hideux avec lequel il faudra désormais compter.