C'est hier, dimanche 19 janvier, que le cessez-le-feu est entré en vigueur à Gaza. Fin d'un calvaire qui aura duré plus de 15 mois, entrainant avec lui la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes : des femmes, des enfants, des vieillards et quelques combattants des deux bords, ceux-là en beaucoup plus petit nombre.
Fin d'un calvaire, donc, mais si tout va bien. Si l'accord est respecté... Sachant le niveau qui règne en matière de respect des accords, la prudence est de mise.
Mais il y a quand même lieu d'être optimiste sur ce point. Et de se réjouir enfin de savoir qu'au moment où l'on respire ici sous un ciel serein - ou presque - une bombe n'est plus en train de tomber ailleurs sur la tête de malheureux, la famine cesse bientôt de vider des regards et d'affaiblir des membres, les corps ne sont plus livrés à la morsure du froid…
Savourons sans délai et sans modération le bonheur de qui reçoit des coups de marteau sur la tête, lorsque ça cesse.
Savourons, oui. Mais, pour autant, nous n'oublions rien. Et nous attendons toujours de comprendre pourquoi cette guerre a eu lieu : pourquoi en cette époque où les hommes accourent de toutes parts pour sauver d'autres hommes lors de telle ou telle catastrophe, franchissant les frontières et apportant avec eux vivres et médicaments, pendant de longs mois nous avons été réduits au rôle de spectateurs passifs et impuissants de souffrances sans nom, qui se prolongeaient avec l'assentiment des dirigeants de ce monde.
Ce qui se passera demain, avec la reconstruction et les projets de toutes sortes, n'apportera pas plus de réponse qu'il n'effacera le sang. Au contraire, il nous dira l'alliance secrète de la civilisation d'aujourd'hui avec la barbarie.