La Double perversion en Occident ou de l'Occident

Ce qui se passe en Occident nous concerne. Non seulement parce que l'Occident est notre voisin et notre partenaire à plus d'un titre, mais parce que l'Occident représente une part de ce que nous sommes. Ce qui ne date d'ailleurs pas d'hier. A moins que l'on décide de jeter un voile de reniement sur certains pans de notre passé, surtout lointain.

Il est vrai que cette façon de forcer l'histoire à adopter un visage particulier, pour les besoins d'une sorte de confort identitaire, est une pratique courante chez nous. Elle trouve un appui dans l'argument selon lequel la revendication de cette part occidentale ne serait en réalité qu'une forme d'allégeance à la puissance dominante.

Voilà comment l'ancienne politique d'étouffement de notre propre vérité se drape de dignité en jetant la suspicion sur ce qui cherche à échapper à sa violence.

Mais l'Occident dont on aurait à rappeler qu'une part nous en revient n'est pas un Occident en lequel on se laisserait immerger. Pas davantage un Occident à partir de quoi on se livrerait à une action de dépouillement de la part d'Orient qui nous revient aussi. Et pas davantage encore un Occident qui nous dispenserait d'avoir à accomplir le dur et le lent travail de conciliation entre nos deux appartenances.

À vrai dire, ce travail de conciliation est le cadre général à l'intérieur duquel prend place tout ce que nous pouvons penser et dire sur l'Occident lui-même. Il admet, ou plutôt exige, que toute position affirmée, toute opinion exprimée, le soit sous le signe d'une distance, qui cumule l'inconvénient de l'éloignement et l'avantage de la hauteur.

Ce qui signifie que nous avons toujours à faire un effort de scrutation pour vaincre ce que l'éloignement peut engendrer d'approximations trompeuses, tout en confortant et en sachant tirer profit de la hauteur.

Or ce qui se livre aujourd'hui à notre observation et face à quoi nous ne pouvons pas ne pas dire notre mot, c'est ce qui se présente comme une double perversion : double perversion en Occident ou de l'Occident. La première perversion est langagière. Elle consiste à détourner le mot "antisémitisme" de son sens original qui se rapporte à la haine des Juifs en l'appliquant à la critique du projet sioniste et de l'injustice dont il est porteur. Ainsi se trouve visé par l'accusation d'être antisémite tout individu qui, sans nourrir de haine contre le Juif en tant que Juif, entend donner un écho à son refus de voir le peuple palestinien traité comme il est traité : abominablement.

La seconde perversion qui nous interpelle et nous oblige à clarifier notre position, c'est le rapprochement qui s'opère actuellement, et depuis un moment, entre les mouvements nationalistes et xénophobes d'une part, les mouvements juifs pro-israéliens d'autre part. C'est ce qu'on pourrait appeler la "judéisation" des mouvements d'extrême droite. Au sens où le Juif cesse d'être la cible de la haine raciale de ces mouvements pour se transformer - certains d'entre eux seulement bien sûr - en éléments actifs de l'intérieur.

On assiste donc à cette chose étrange que le Juif d'aujourd'hui, dans sa version sioniste pro-israélienne, n'hésite pas à côtoyer le "suprémaciste blanc" héritier des doctrines les plus meurtrières contre les Juifs dans le passé. Et cela au bénéfice d'une nouvelle vocation de la droite extrême, qui n'est plus de défendre la pureté d'une race, mais celle d'une culture qui se présente justement comme "judéo-chrétienne". Et qui, dans sa défense, ne se contente pas de préserver un espace contre le risque d'un "remplacement", mais place la culture de l'autre dans le rôle de l'ennemi.

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