L'Amérique s'est donné Trump pour se dégager de l'Alliance atlantique et pour renouer avec une ancienne tradition : faire des affaires partout où c'est possible à travers la planète.
Derrière le bonhomme et ses frasques, il y a une volonté populaire qui est de se débarrasser du boulet que constitue la défense du "monde libre". Désormais, c'est chacun pour soi. Que chacun se débrouille pour assurer sa propre défense…
Il faut dire que la montée en puissance de la Chine ne lui laissait guère le choix. L'Amérique se sent le dos au mur, obligée d'avoir les coudées franches si elle ne veut pas glisser doucement dans l'ombre du géant asiatique.
Reste à savoir si cette manœuvre de désengagement ne va pas plutôt l'isoler que la rendre plus forte.
Si, demain, à la faveur d'une paix retrouvée entre l'Europe et la Russie - et on a des raisons de penser que la Russie veuille mettre un terme à son aventure guerrière qui l'a elle-même épuisée - un nouvel ensemble se constituait, si un partenariat post-Poutine, dans un avenir pas si lointain, ouvrait à l'Union européenne un horizon nouveau en direction de l'est, l'Amérique pourrait bien se retrouver marginalisée.
Bien sûr, il lui resterait ici et là des zones d'alliance. Au Moyen-Orient, elle mise sur un rapprochement israélo-arabe pour créer une telle zone stratégique, en faisant peut-être le pari que l'Iran lui-même finira par s'effondrer. Pour ça, il s'agit d'étouffer la résistance palestinienne et le combat autour d'el Aqsa : ils servent de moteur au régime iranien actuel, sur le plan du discours idéologique. Israël est censé se charger de cette affaire et ce à quoi on assiste depuis plusieurs mois va manifestement dans ce sens.
Problème : la résistance palestinienne ne ressemble pas du tout à la résistance des Indiens d'Amérique. Comme le phénix, elle renait sans cesse de ses cendres. Et le projet d'un libre-échange américano-arabe dont Israël aurait, pour ainsi dire, déblayé le terrain demeure à ce jour une idée très hypothétique, à laquelle s'opposent des difficultés plus ou moins prévues... plus ou moins imprévues.
Tant que la résistance palestinienne reste debout, en dépit des attaques, non seulement l'Iran garde sa position, mais le monde sunnite ne cesse de se mobiliser et fragilise à l'avance le projet en question.
Bref, l'exemple du Moyen-Orient illustre à quel point l'ancrage des Etats-Unis dans de nouvelles zones stratégiques peut être problématique et dénoter d'une approche maladroite et mal avisée.